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Comment les monnaies complémentaires peuvent devenir crypto et ainsi, changer le monde

4 min readDec 15, 2020

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Cet article est une traduction rapide et partielle d’un article du CoinTelegraph datant du 02 Avril 2018.
Source :
https://cointelegraph.com/news/the-saber-case-how-complementary-currencies-can-go-crypto-and-change-the-world
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Nous avons été témoin ces dernières années de l’adoption de crypto-monnaies — il est maintenant possible de payer en Bitcoin pour à peu près tout, du café à à un bien immobilier. Mais l’idée n’a pas encore percé au niveau communautaire, il y a encore un large potentiel inexploité au sein des monnaies virtuelles décentralisées.

L’étude de cas du Saber — une monnaie complémentaire brésilienne théorisée au début des années 2000 pour renforcer le système éducatif — est un exemple parfait de la puissance de frappe sociale d’une monnaie.

Petit rappel sur les monnaies complémentaires

Les monnaies complémentaires (MC), servent d’alternative à la monnaie conventionnelle (i.e. nos dollars, nos euros, etc.). Elles ont initialement pour objectif de renforcer l’économie locale, en particulier lorsqu’une crise économique surgit, en permettant de nouvelles transactions ou en contribuant à l’atteinte d’un projet politique, social ou écologique.

La plupart du temps, les MC n’ont aucun cours légal — i.e. elles ne sont pas acceptées partout ; on ne peut pas acheter tout ce dont on a besoin avec — leur fonction étant de favoriser certains secteurs économiques spécifiques. En théorie, les MC permettent surtout de renforcer le tissu économique, de le rendre plus résilient.

Les premières MC remontent à l’Égypte ancienne, qui voyaient certains de ses résidents se servir d’ostraca — tessons de poterie — pour indiquer la quantité de récolte que tel ou tel fermier était censé leur mettre de côté. Ces tessons permettaient ensuite de régler d’autres transactions au sein de la communauté.

Autre exemple notable : le Wära, une monnaie de papier qui a permis à la ville minière de Schwanenkirchen de sortir la tête de l’eau, alors que le chômage de masse s’abattait sur l’Europe (dépression des années 30) et qu’il devenait de plus en plus difficile de se régler dans la monnaie nationale, devenue trop rare.

L’expérience avortée de la monnaie Saber (savoir en portugais)

En 2003, le professeur brésilien Gilson Schwartz propose au gouvernement du Brésil, une monnaie complémentaire appelée “Saber”. Son but est d’aider les universités à intégrer des élèves issus des milieux défavorisés, sans taper tout de suite dans le budget de l’État. Pour ce faire, le Ministère de l’Éducation n’aurait qu’à allouer des Sabers aux écoles en difficulté budgétaire.

Dans ces écoles, à partir de 7 ans, les élèves — qui le souhaitent — recevront un certain montant en Sabers, à condition de sélectionner un mentor parmi les élèves des classes supérieures. Les mentors gagneront des Sabers, au taux de 5 Sabers par heure de cours donnée. À 17 ans, une fois diplômé, les Sabers accumulés serviront alors à payer tout ou partie des frais universitaires.

Les universités peuvent changer auprès du gouvernement leurs Sabers contre des Réals, à un taux de 2:1. Il est à noter d’une part, que les élèves qui paient leur frais de scolarité en Sabers, n’auraient probablement jamais été en mesure de régler ces sommes en Réals brésiliens, soit des revenus supplémentaires pour les universités, et d’autre part, que le coût pour l’État ne se ferait véritablement sentir que 10 ans plus tard.

Malheureusement la Saber n’a jamais vu le jour, le gouvernement brésilien ayant tout simplement rejeté cette proposition saugrenue. Mais d’après Schwartz, les temps ont bien changé par rapport à 2003. Depuis le succès rencontré par le Bitcoin, il est devenu nettement plus aisé d’évoquer une alternative à la monnaie nationale.

Vers une crypto-monnaie internationale dédiée à l’éducation

Le professeur Schwartz souhaite aujourd’hui mettre en place une plateforme web qui rémunérerait en monnaie complémentaire, les créateurs de contenus éducatifs du monde entier, pour les cours particuliers qu’ils donneraient par webcam via la plateforme, ou pour les tutoriels et outils mis en ligne puis consultés sur la plateforme. Mais d’où viendrait cette monnaie affectée ?

L’expérience Saber a été instructive. Selon lui, la priorité est de répondre à un besoin réel et de bâtir une communauté, plutôt que de distribuer à qui le veut une monnaie complémentaire. C’est en facilitant les interconnexions et rassemblant les bonnes volontés qu’un projet progresse, et non en proposant un énième outil (qui risque de faire office de barrière à l’entrée).

Pour faire naître cette communauté, Schwarz veut s’appuyer sur des acteurs plus ouverts d’esprit que le gouvernement : universités, écoles, centres de recherche, artistes, entrepreneurs, associations, etc. L’objectif à terme est de voir la plateforme utilisée par cette variété d’institutions à travers le monde, de toucher des milieux culturels très différents.

Une monnaie internationale dédiée à l’éducation aurait alors toutes les chances d’émerger ; reste à déterminer ensuite quels seront les types de service que ses détenteurs pourront s’offrir avec. Confiance, accessibilité et transparence obligent, cette monnaie complémentaire sans frontière devra manifestement être une crypto-monnaie.

Cet article est une traduction rapide et partielle d’un article du CoinTelegraph datant du 02 Avril 2018.
Source :
https://cointelegraph.com/news/the-saber-case-how-complementary-currencies-can-go-crypto-and-change-the-world

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Aurélien Pressensé
Aurélien Pressensé

Written by Aurélien Pressensé

On ne résoudra pas les crises de notre monde, avec le système économique qui les cause. Plus d’informations sur ammoneo.org

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