De qui Bruno Le Maire se moque-t-il ?
En évoquant le projet de crypto-monnaie de l’entreprise américaine Facebook, Libra, notre Ministre de l’Économie et des Finances a tenu ces propos : « Nous ne pouvons pas accepter qu’une entreprise privée se dote des instruments de souveraineté d’un État ». Cela ne vous choque-t-il pas ?
En ce qui concerne la France, cela fait des décennies que des entreprises privées sont dotées de cet “instrument de souveraineté d’un État”, qu’est la monnaie. Depuis la fameuse « loi de 1973 », le financement direct est aboli (l’État ne crée plus la monnaie, il doit l’emprunter, comme tout le monde).
Il s’agissait alors de lutter contre la “stagflation”, résultat des politiques de relance économique par la dépense publique ; pendant les Trente Glorieuses, nos gouvernements se contentaient d’émettre de la monnaie en quantité puis de la dépenser, sans se soucier des conséquences.
Les traités de Maastricht (1992) et de Lisbonne (2007) sont ensuite passés par là, afin de généraliser cette réglementation de la création monétaire à l’ensemble des pays de la zone euro. Notre Ministre ayant connaissance de cette privatisation de la monnaie, de qui se moque-t-il ?
Le crédit est désormais la seule façon de créer la monnaie, ce qui limite les risques liés à l’inflation. En effet, l’argent est injecté dans l’économie pour répondre à un besoin, puis une fois ce besoin satisfait, est retiré de l’économie par la banque, au fur et à mesure du remboursement du principal de ce crédit.
Tous les jours, des entreprises privées créent des euros scripturaux, cet instrument de souveraineté d’un État. Hélas notre Ministre semble ignorer qu’elles seules possèdent ce droit ! Or remettre en cause ce privilège, c’est transformer le capitalisme. Plus d’informations sur Ammoneo.org.
Cet article vous a semblé pertinent ?
Faîtes-en profiter une personne de votre entourage.